20 Rue Duquesne
29200 Brest
France
Nous sommes confrontés à une double dynamique à l’ère du numérique. D’une part, une logique verticale de concentration du pouvoir à travers une domination opérée par quelques grands groupes médiatiques transnationaux et les quatre entreprises géantes de l’Internet (les « GAFA » : Google, Apple, Facebook, Amazon). D’autre part, une logique horizontale davantage citoyenne où perdure cette promesse de la démocratie par la participation à travers des pratiques appelant à la création de « communs de la connaissance » et à une soi-disant « économie du partage ». Au XXIe siècle, la promesse d’une société en réseaux – démocratique, non hiérarchique et participative – s’est progressivement muée en l’instauration d’une société de contrôle et de surveillance.
Sous prétexte d’une adhésion à la modernité globalisée, nous apparaissons contraints de « participer » à ce monde numérique. Mais il s’agit d’une injonction paradoxale dans la mesure où tous nos gestes participatifs – immédiatement captés, tracés et transformés en données (data) – font l’objet d’une marchandisation (monétisation) par les firmes propriétaires des plateformes numériques. Comment la puissance d’agir citoyenne peut-elle aujourd’hui se manifester dans une telle société de surveillance numérique?
Serge Proulx,
Professeur Titulaire, École des Médias, Université du Québec à Montréal,
Professeur associé, Télécom Paris Tech
Sociologue. Auteur, co-auteur ou directeur d’une trentaine d’ouvrages sur la communication, la technologie et la société. Plus de 425 conférences prononcées sur trois continents. Ses travaux concernent les mutations des dispositifs d’information et de communication à l’ère numérique, en particulier les innovations et les contributions des usagers dans le contexte du capitalisme informationnel.