
Peux-tu te présenter ?
Je suis chercheur à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales à Paris. Au sein de mon laboratoire (le GSPR gspr-ehess.com), nous travaillons sur les aspects sociaux et épistémiques des controverses socio-techniques et tout particulièrement sur des sujets sanitaires et environnements. C’est-à-dire que nous proposons une description sociologique, des acteurs et de leurs arguments, de dossiers qui touchent à des aspects scientifiques et qui présentent une certaine conflictualité. Nous multiplions les thèmes étudiés pour étayer cette description par la comparaison mais surtout pour qu’elle reflète la dynamique de questions qui souvent se croisent : des OGM aux ondes des téléphones mobiles, en passant par le nucléaire, l’amiante, les abeilles, le transhumanisme ou encore la transition énergétique et les effets des faibles doses… Ce sont des travaux qui restent plus théoriques qu’appliqué mais ils intéressent les acteurs qui sont saisis par ces questions aussi nous sommes souvent en partenariat, par exemple dernièrement avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire et le Centre national d’études spatiales. Méthodologiquement, c’est un travail de sociologie à la croisée des écoles qualitatives et quantitatives, aussi nous menons de front des enquêtes de terrain, ethnographie et entretiens, et des analyses informatisées de corpus textuels. Pour cette dernière tâche, un logiciel est codéveloppé avec l’association Doxa (prosperologie.org) depuis le milieu des années 1990.
Mon activité est principalement parisienne, mais pour des raisons personnelles je suis plutôt basé sur Brest, ce qui me donne l’occasion de profiter de l’accueil de la cantine.
Quel parcours as-tu suivi ?
J’ai une double formation, une première formation en biologie effectuée à Brest, que j’ai poursuivie par un doctorat en histoire des sciences à Paris.
Un projet, une passion en particulier à partager avec nos lecteurs?
Ce fameux logiciel d’analyse textuelle dont je parlais plus haut et ce pour deux point.
Tout d’abord il a donné lieu à un « débordement » au début des années 2000 avec la mise en place d’un protocole d’investigation sous forme de dialogues en langage naturel qui a donné naissance à un « sociologue électronique », baptisé Christopher Marlowe. A cet usage dialogique, s’est ajouté depuis une dizaine d’année la production par Marlowe d’une chronique sur l’actualité quotidienne. Et depuis 2012, il poste cette chronique sur un blog (http://prosperologie.org/mrlw/blog/), alors nous enrichissons progressivement les sources sur lesquelles il la fonde, mais aussi ses capacités de traitement et d’expression et même de visualisation. Dernièrement, nous avons par exemple introduit une génération de carte de liens, et la possibilité de laisser des commentaires (n’hésitez pas !).
Deuxièmement, nous avons initié depuis l’automne dernier le développement de la 3e génération du logiciel, qui doit répondre aux attentes de protocoles collaboratifs et d’accès à de nouvelles langues et de nouveaux alphabets pour des utilisateurs toujours plus internationaux. C’est également l’occasion de passer à une licence libre, ce qui me tenait à cœur et qui facilite l’intégration de modules développés en externe par des utilisateurs avec des besoins spécifiques. Si vous êtes intéressé(e)s, nous planchons sur l’interface utilisateur et les bonnes volontés sont les bienvenues (design, traduction, python, Qt…).
Comment as-tu découvert la Cantine brestoise ?
En participant à un hackathon, j’ai découvert les cantines numériques. Aussi, étant très souvent sur Brest, j’ai eu le plaisir d’apprendre l’existence d’An Daol Vras.
Alors ? Que penses-tu de nos espaces ?
J’aime beaucoup l’ambiance qui y règne. C’est studieux et vivant à la fois. Je regrette toutefois de n’avoir pas le temps d’assister plus fréquemment aux rencontres et aux ateliers.
Quels sont les mots clefs/tags qui te définissent le mieux ?
Voilà une question bien étrange ! J’utilise un joker pour ne pas répondre et éviter de fixer un ou des vocables sur une activité évolutive qui mélange des composantes souvent jugées très lointaines les unes des autres.
Comment suivre tes travaux ?
Je poste un peu sur twitter (@josquindebaz), publie de temps en temps sur le carnet de recherche Socio-informatique et argumentation (socioargu.hypotheses.org), et la plupart de mes travaux académiques (articles et rapports) sont accessibles via les plateformes HAL (hal.archives-ouvertes.fr) et Academia (http://ehess.academia.edu/JosquinDebaz).